Yaoundé, 09 novembre 2023 (CAPnews) – Elle est avenante, elle est ouverte et agréable. A l’évidence, elle est remarquablement bien élevée. Pas un mot plus haut que l’autre. Elle vous écoute les yeux baissés sans jamais vous interrompre. Elle est comme ça, la belle Sonia Etaba. Son côté sympathique traduit cependant mal la repartie et surtout la pugnacité qu’elle dégage. Comme très peu de jeunes de son âge, elle sait où elle va et bien évidemment quel chemin empruntait pour y arriver. Elle me susurre en off que la beauté est une forme d’intelligence. Zut alors, moi qui croyait aller à la rencontre de Naomi Campbell, c’est plutôt Rokhaya Diallo que j’ai en face de moi.
Mlle Beyala Etaba Sonia, tout le monde connaît votre visage mais peu vous connaisse vraiment. Qui est donc Sonia Etaba ?
Je suis une jeune Camerounaise de 23 ans, étudiante en Master 2, en santé publique, option épidémiologie. Passionnée de mode, de mannequinat, de lecture ainsi que de l’écriture. Comme autrice, j’ai deux ouvrages publiés. Deux autres sont en phase de finition.
Vous avez un double parcours (mannequin et étudiante) inspirant. Comment faites-vous pour concilier ces deux parcours ?
J’ai débuté ma carrière après l’obtention de mon baccalauréat. Les trois années suivantes à l’université, j’ai dû jongler entre mon travail d’égérie, de mannequin et mes cours. Il fallait que je me fasse une place, un nom tout en allant assidûment aux cours. Apres l’obtention de la licence, j’ai eu plus de temps à consacrer au mannequinat. En général, j’essaie de m’organiser au mieux, en faisant par exemple mes devoirs à l’avance ou en travaillant tard le soir. Je ne compte pas mes heures. Heureusement que je travaille principalement à Yaoundé. S’agissant plus précisément du mannequinat, il n’est souvent pas évident de tout maîtriser. Tout s’organise à la dernière minute, c’est pour cela que je dois être prête à tout moment. Autrement, le mannequinat me permet de voyager, de faire de belles rencontres et de mieux cerner le milieu professionnel. Je suis très reconnaissante de pouvoir vivre ma passion, tout en étant épaulé par mon agent qui s’occupe de me faire évoluer dans le milieu de la mode.
Egérie depuis plusieurs années du Cameroon Fashion Design, comment jugez-vous cette expérience ?
Le Cameroon Fashion Design est un évènement qui est en parfaite adéquation avec mes principes, mes valeurs, travailler avec cette équipe depuis toutes ces années m’a conforté dans mon choix de carrière. La valorisation du made in Cameroon et la mise en avant de nos richesses me donnent l’impression de contribuer à l’histoire culturelle de mon pays.
A vous écouter parler, à vous voir dérouler votre parcours, on a l’impression que tout semble lisse pour vous. N’avez-vous jamais connu d’embûches sur votre itinéraire ?
Pas de réelles embûches, car j’ai toujours considéré cette passion comme un métier à part entière, où il faut se former avec beaucoup de rigueur, ce que j’ai fait. J’ai su allier ma passion et le travail. J’ai donc toujours travaillé en m’amusant.
Quels sont les prérequis pour exceller comme mannequin ?
Outre la personnalité et les capacités photogéniques requises, c’est le mannequinat qui nous choisi et non l’inverse. Des critères de taille, de mensurations et d’allure plus ou moins strictes et affirmée sont requis. A cela, il faut ajouter la rigueur, une hygiène de vie et beaucoup de persévérance.
Mannequin est un métier exigeant et paradoxalement peu valorisé au Cameroun. Peut-on vivre de ce métier au Cameroun ?
La réponse est clairement NON. J’explique : au Cameroun le métier de mannequinat n’est ni reconnu, ni valoriser par les autorités. Le pays ne compte aucune école de formation de mannequin. Le ministère de la culture a finalement reconnu le statut de mannequin. Les mentalités camerounaises considèrent ce métier comme un passe temps et une activité ouverte à celles qui ont raté leur vie. Nous sommes en pleine expansion, un vrai travail de fond est entrain d’être fait, et une vaste campagne de sensibilisation auprès des promoteurs, des marques qui devront comprendre que le mannequin est un levier de vente et non une charge.
Il n’existe quasiment pas de mannequin à la retraite. Avez-vous pensé déjà à l’après mannequinat ?
Ce qu’il y’a de bien dans ce domaine, c’est qu’il n’y a pas d’âge. Le mannequin peut travailler à tout âge. Mais étant donné que la sécurité financière n’est pas assurée, manque d’évènements, manque de campagne, les revenus sont ponctuels. Il est important d’avoir une rentrée d’argent récurrente , au travail une activité parallèle.
Vous semblez aimanter les regards chaque fois que vous êtes quelque part. Comment gérez-vous cette intrusion permanente ?
Je ne considère pas ça comme une intrusion, mais plutôt comme quelque chose de flatteur… j’ai appris à vivre avec. Mais si ça devait s’arrêter demain, je n’en mourrai pas non plus.
Quand on est belle, jeune et dans votre cas, intelligente en plus, peut-on avoir des relations sincères ?
En tout cas moi, je suis toujours sincère dans mes relations, reste plus qu’à savoir si les intentions des autres sont louables. J’évolue dans un monde d’artifices et du paraître, il est très important d’avoir un cocoon honnête en dehors de ce cercle.
Quels regards portent vos collègues mannequins sur vous ?
C’est un monde concurrentiel où les compétences sont visibles et palpables car physiques. Susciter la jalousie fait partie du jeu. Mais on vit avec et on reste vigilant et concentré sur le travail.
Six ans après vos premiers pas comme mannequin, que pensent vos parents de ce métier et de son environnement ?
Avoir l’aval de mes parents n’a pas été chose aisée car le métier de mannequinat est très mal perçu au Cameroun et sûrement dans bien des pays africains. J’ai dû les rassurer en continuant mes études. Actuellement, ce sont mes premiers fans.