
Constance Ejuma face aux journalistes, Avril 2023 (D.R)
Constance Ejuma, bienvenue dans votre pays natal, le Cameroun.
C’est super de respirer l’air vivifiant de « my homeland ». Huit ans que je n’étais pas revenue au Cameroun et depuis, j’ai pas mal travaillé. Je pense que le travail pour lequel je suis reconnu au pays est Black Panther. Je vous assure que c’est agréable de se sentir reconnue et aimée dans son pays d’origine. L’intérêt que je suscite dépasse tout que j’imaginais.
Parlez-nous de votre première journée au pays ?
Nous avons atterri très tard dans la nuit. Aussitôt que j’ai retrouvé mon logement, je me suis allongée pour récupérer un peu du décalage horaire. Dès mon réveil, j’ai rendu visite à certains membres de ma famille, en l’occurrence mon oncle et ma tante. Cette dernière m’a fait l’un de mes plats préférés appelé Eru, que j’ai évidemment goulument dégusté.
À quel moment avez-vous su que vous voulez faire carrière dans le cinéma ?
Je ne me souviens pas du moment exact, mais cela m’est venu à l’esprit quand j’étais adolescente. J’ai toujours aimé les films et je pense que ma passion pour le septième art était plus liée à la narration. En fait, je suis quelqu’un qui a toujours aimé les histoires. J’aime raconter des histoires, j’aime lire. J’ai lu beaucoup de livres, romans, pièces de théâtre, poésie. Et à 16 ans, je me suis demandé, comment puis-je m’exprimer ? Comment puis-je raconter des histoires ? Et la lumière a jailli en moi. Je me suis dit, peut-être que jouer pourrait être un bon moyen de m’exprimer et de raconter des histoires. Et depuis, je n’ai cessé de réaliser ce rêve.
Comment vos parents ont réagi par rapport à votre choix de carrière ?
Pour une immigrée africaine aux États-Unis faire une carrière dans les arts n’est pas quelque chose qui est très encouragé. Dans notre culture, beaucoup ne conçoivent pas qu’on puisse gagner sa vie, de gagner de l’argent, se prendre en charge en faisant de l’art ou du sport. Mes parents voulaient que je fasse une carrière plutôt classique du genre médecin ou avocat.
Sur votre compte Instagram, vous vous présentez comme une Alienne…
Je suis un extraterrestre sur la planète Terre, je viens d’ici. Je suis un être humain, mais je me sens parfois comme une étrangère. Je suis un peu en dehors de la norme, inclassable voire un Ovni.
Quel est votre but dans la vie ?
Je voudrais être heureuse en poursuivant mon rêve de raconter des histoires à une grande échelle. Je suis surprise par le niveau d’attention que les gens me portent ici au Cameroun. Je n’ai pas la même reconnaissance aux États-Unis. J’ambitionne de réussir à Hollywood. J’aimerais faire une percée et avoir un vrai succès, faire de grands films avec des gens que j’admire et avec lesquels je sui depuis très longtemps. Pour le moment, je poursuis mon apprentissage.
Vous incarnez des personnages exotiques dans les productions hollywoodiennes, est-ce un choix ?
Ce n’est pas moi qui décide. Lorsque vous êtes choisi pour un rôle, on vous donne un scénario. À Hollywood, vous savez, la diversité est un slogan depuis très longtemps. La représentation est un slogan depuis très longtemps. Avec l’arrivée de Black Panther, il y a eu plus d’intérêt pour les histoires africaines, pour voir des images de l’Afrique. La musique africaine a fait une remarquable percée sur le marché occidental. Elle est désormais partout, dans une épicerie, dans un avion, au restaurant. L’influence de l’Afrique s’accroît, ce qui est une chose merveilleuse. Dans Good doctor, par exemple, j’étais censée être une africaine lambda. Après le casting, on m’a demandé mes origines, j’ai dit que je venais du Cameroun. C’est alors que la production a décidé de « camerouniser » mon personnage. C’était une première pour une série américaine.
Quels sont les défis auxquels vous êtes confrontée en tant qu’actrice noire à Hollywood ?
Je pense que pour les acteurs noirs, latinos ou asiatiques, la représentation a toujours été un défi. Il n’y a pas assez de rôles pour les personnes de couleur. Il n’y a pas assez de rôles pour les noirs à la télévision mais nous essayons d’attirer l’attention d’Hollywood. Une actrice comme Viola Davis en parle tout le
temps. Nous devons créer les opportunités pour nous-mêmes, parce qu’Hollywood ne viendra pas nous
chercher.
Quelle est l’influence des réseaux et médias sociaux dans l’industrie du film aux USA ?
Les réseaux sociaux sont très importants pour les acteurs. Ils sont accessibles par une large audience. Il y a donc beaucoup de gens qui se font découvrir sur Instagram, sur YouTube, qui créent des contenus. Les studios de cinéma à Hollywood tiennent compte de ce nouveau phénomène. Et régulièrement les créateurs de contenus sur les réseaux sociaux sont invités dans les émissions télévisuelles. Donc, si vous êtes un créateur de contenus sur Instagram et que vous avez 5 millions de followers, cela attirerait l’attention des studios même si vous n’êtes pas un acteur. Il y a donc des changements qui se produisent et l’industrie s’adapte et nous, en tant qu’acteurs, nous devons également nous adapter.
