
Yaoundé, 05 juillet 2025 (CAPnews) – La proposition d’inscrire Diy-Gid-Biy qui se trouve géographiquement près du site nigérian de Sukur représente une innovation majeure dans l’histoire des nominations africaines à l’UNESCO. Cette initiative portée par le ministère des Arts et de la Culture du Cameroun, confirme les recherches archéologiques récentes ayant mis en évidence des liens culturels profonds entre les deux sites. Les analyses comparatives des techniques de construction en pierre sèche révèlent des similarités troublantes, notamment dans l’utilisation de murs à double parement et de systèmes de drainage sophistiqués. Ces parallèles architecturaux suggèrent une parenté culturelle entre les bâtisseurs de Sukur et ceux de Diy-Gid-Biy.
Un laboratoire de coopération régionale face aux défis sécuritaires
Dans une région minée par les incursions de Boko Haram, Diy-Gid-Biy et Sukur sont les deux oreilles d’un même cheval. Les missions archéologiques ont permis d’établir des ponts scientifiques entre les universités des deux pays. Plus symbolique encore, des chefs traditionnels mafa et sukuru ont officiellement renoué des liens lors de cérémonies de réconciliation en 2023, scellées par des échanges rituels sur les sites sacrés. Après Sukur, la candidature de DGB n’est pas qu’une affaire de pierres anciennes, souligne un haut cadre du ministère camerounais des Arts et de la Culture. C’est un outil de pacification pour des communautés séparées par des frontières coloniales.

Un espoir pour le patrimoine africain et la jeunesse locale
Au-delà des considérations politiques, la candidature de DGB suscite un formidable élan parmi les populations locales. À Maroua (Cameroun) et à Maiduguri (Nigeria), des centres de formation aux métiers du patrimoine accueillent déjà une nouvelle génération de guides et de restaurateurs. Le projet « Écoles sans frontières », lancé en 2024, permet à des étudiants des deux pays d’étudier ensemble l’histoire commune des sites. « Avant, nous voyions Sukur comme un rival », reconnaît un étudiant en archéologie à Maroua. « Aujourd’hui, nous comprenons que notre avenir est lié. » Cette dynamique pourrait faire des monts Mandara un modèle pour d’autres initiatives transfrontalières sur le continent, à l’image du récent projet « Route des empires ouest-africains » reliant le Mali au Ghana.
Prochain article : Diy-Gid-Biy face à la double menace : l’urgence de sauver un patrimoine unique.