Yaoundé, 11 juillet 2025 (CAPnews) – C’est une décision historique qui scelle la reconnaissance planétaire d’un trésor méconnu. Ce jeudi 11 juillet 2025, le paysage culturel Diy-Gid-Biy, niché dans les Monts Mandara à l’extrême-nord du Cameroun, a officiellement intégré la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Cette inscription, actée lors de la 47e session du Comité réuni à Paris, porte à 110 le nombre de sites africains subsahariens classés, un chiffre en nette progression depuis 2018, mais qui ne représente encore que 9 % du patrimoine mondial. Un symbole fort pour un continent riche de mémoires encore trop peu valorisées.
Un chef-d’œuvre d’ingéniosité ancestrale
Le site de Diy-Gid-Biy fascine par ses monuments de pierre sèche, savamment agencés sur 25 kilomètres. Terrasses agricoles, sanctuaires cultuels et vestiges architecturaux y dessinent un paysage où la nature épouse l’œuvre humaine depuis le XIIe siècle. « Ces structures témoignent d’une symbiose exceptionnelle entre l’homme et son environnement », souligne un expert de l’UNESCO. Après près de deux décennies d’attente, le dossier figurait sur la liste indicative camerounaise depuis 2006, cette inscription couronne aussi les efforts des communautés locales pour préserver leur héritage.

L’Afrique face aux défis de la préservation
Pourtant, la route vers la consécration reste semée d’embûches pour le continent. Comme le rappelle Lazare Eloundou Assomo, directeur du patrimoine mondial, « conflits armés, pression climatique et exploitation des ressources menacent ces joyaux ». Au Malawi, l’autre nouveau site classé cette année, le paysage culturel de Chongoni, illustre ces vulnérabilités. Malgré tout, l’UNESCO salue une « dynamique positive », soulignant que chaque inscription renforce la mobilisation internationale pour sauvegarder ces lieux uniques.
Un souffle nouveau pour le tourisme et la mémoire
Avec ce classement, le Cameroun voit s’ouvrir une ère nouvelle pour Diy-Gid-Biy. Attractivité touristique, financements dédiés, transmission aux jeunes générations : les enjeux sont immenses. « C’est une victoire pour nos ancêtres et pour l’Afrique tout entière. Diy-Gid-Biy incarne l’intelligence et la résilience des peuples Mafa, qui ont su bâtir leur monde dans un environnement difficile », déclare Alice Biada, point focal et responsable du projet depuis sept ans. Reste à transformer l’essai : protéger sans figer, faire vivre sans dénaturer. Un équilibre délicat, mais désormais placé sous le regard bienveillant de l’humanité.

