Yaoundé, 26 septembre 2025 (CAPnews) – Au-delà des favoris qui monopolisent l’attention, l’élection présidentielle du 12 octobre 2025 au Cameroun voit s’aligner une pléiade de candidats. Leurs profils, leurs parcours et leurs discours forment une mosaïque politique complexe, reflet des fractures et des aspirations profondes d’une société à la croisée des chemins.
Caxton Ateki Seta : La Voix des Oubliés

À 39 ans, ce natif de Mbengwi, dans la région anglophone du Nord-Ouest en proie à la crise, incarne une génération qui refuse le silence. Portant les couleurs du Parti de l’Alliance libérale (PAL), il engage sa première bataille présidentielle, forte d’une carrière ancrée dans la société civile. Son audace : avoir sillonné Bamenda et Buéa, défiant l’insécurité ambiante pour donner une voix à celles et ceux qui risquent d’en être privés le jour du scrutin. Il ne se présente pas seulement en candidat, mais en témoin d’une tragédie nationale, appelant de ses vœux une alternance historique après 43 ans de présidence Biya et participant activement aux dialogues pour un programme consensuel.
Jacques Bougha-Hagbe : L’Architecte d’un Nouvel Édifice

Économiste aguerri, ayant œuvré plus de vingt ans au sein du Fonds Monétaire International, Jacques Bougha-Hagbe, 50 ans, apporte à la course la rigueur du technocrate et la vision du réformateur. Candidat du Mouvement citoyen national camerounais (MCNC), il plaide pour une rupture radicale avec l’ère « Ahidjo/Biya », les deux seuls présidents qu’ait connus le pays depuis l’indépendance. Son projet est une refonte complète de l’édifice institutionnel : un système moins présidentiel et moins centralisé, une émancipation monétaire via la sortie du franc CFA, et une inscription résolue du Cameroun dans l’avenir économique du continent grâce à la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf).
Samuel Iyodi Hiram : L’Audace de la Jeunesse

À 38 ans, ingénieur et chef d’entreprise, Samuel Iyodi Hiram est le benjamin de cette élection. Investi par le Front des démocrates camerounais (FDC), il incarne la fougue et l’ambition d’une génération pressée. Son projet, qu’il qualifie d’« afro-socio-libéralisme », entend concilier dynamisme économique et justice sociale. Conscient de la fragmentation des forces d’opposition, il est de ceux qui plaident avec vigueur pour une coalition capable de tourner, enfin, la page des années Biya.
Pierre Kwemo : Le Sage de l’Opposition

À 69 ans,Pierre Kwemo n’est pas un novice. Natif de Bafang, ancien vice-président du Social Democratic Front (SDF) et directeur de campagne de l’historique Ni John Fru Ndi en 2004, il porte la mémoire des combats passés. Sa première candidature présidentielle, sous la bannière de l’Union des mouvements socialistes (UMS), s’inscrit dans la continuité d’un engagement de longue haleine. Lui qui a participé sans relâche aux plates-formes pour la refonte du code électoral, incarne la recherche patiente et obstinée d’une alternative crédible, convaincu que l’union fait la force face au pouvoir sortant.
Serge Espoir Matomba : Le Persévérant

Entrepreneur et élu municipal de Douala, la capitale économique, Serge Espoir Matomba, 46 ans, représente le PURS (Peuple uni pour la rénovation sociale). Pour sa deuxième participation à une présidentielle, après un score inférieur à 1% en 2018, il affine son message autour d’un thème central : la restauration intégrale de la souveraineté camerounaise. Sa persévérance témoigne d’une conviction inébranlable dans la nécessité d’un changement de cap.
Akere Muna : Le Gardien de l’Éthique

Fils de l’ancien Président de l’assemblée nationale Salomon Tandeng Muna, Akere Muna est une figure imposante de la société civile. Bâtonnier du Cameroun et ancien président de Transparency International Cameroon, il porte le combat contre la corruption sur le terrain politique. Candidat du parti Univers, il s’est illustré dans l’affaire Glencore, dénonçant l’impunité dont bénéficieraient les responsables camerounais impliqués. Sa tentative de faire inscrire Paul Biya, pour « état de dépendance » dû à son âge et à son état de santé, bien que rejetée par le Conseil constitutionnel, résume son credo : un État de droit, intransigeant et vertueux.
Ensemble, ces six figures dessinent les multiples facettes d’une opposition en mouvement. Entre jeunesse et expérience, technocratie et militantisme, ancrage local et vision globale, ils sont les visages d’un Cameroun qui, à travers l’urne, tente de se réinventer.
