Yaoundé, 29 septembre 2025 (CAPnews) – Dans un geste aussi surréaliste que révélateur, le président camerounais Paul Biya et candidat du parti RDPC à la présidentielle du 12 octobre prochain, a publié sur X une vidéo de campagne où l’intelligence artificielle se substitue outrageusement au réel. On y entend une voix synthétique aux intonations mécaniques célébrer une « nation libre, souveraine et unie », tandis que défilent des images aseptisées du littoral et du célèbre rond-point « J’aime mon pays » de Yaoundé. Cette production virtuelle, qui sonne comme un éloge auto-généré, marque un basculement troublant dans l’exercice du pouvoir : celui d’une campagne sans présence, d’un discours sans voix humaine, d’un projet sans chair.
Le paradoxe obscène d’un pouvoir qui simule l’action
Plus qu’une innovation technique, cette mise en scène numérisée frôle l’indécence démocratique. Comment, en effet, ne pas voir une profonde iniquité dans l’usage de l’IA pour promouvoir la candidature d’un homme qui, depuis plus de quarante ans, incarne un pouvoir bien réel et ses lourdes réalités socio-économiques ? La supercherie atteint son comble lorsque apparaît, au milieu de la séquence, une scène manifestement fictive : des ouvriers en tenue, figés dans un décor artificiel, miment un débat devant une route en construction tout aussi virtuelle. Cette image résume à elle seule le paradoxe obscène d’un pouvoir qui simule l’action et fabrique du consensus à défaut de le construire.
L’artifice plutôt que la rencontre, le simulacre plutôt que le dialogue
À l’heure où les Camerounais aspirent à une écoute tangible et à des engagements concrets, cette vidéo sonne comme une démission. Elle consacre un divorce abyssal entre la communication d’un régime accroché au pouvoir et les urgences d’un peuple en attente de perspectives réelles. En choisissant l’artifice plutôt que la rencontre, le simulacre plutôt que le dialogue, Paul Biya ne fait pas que moderniser sa campagne : il expose, malgré lui, le vide d’un projet politique qui semble n’avoir d’autre recours que les mirages du numérique.
