Yaoundé, 26 septembre 2025 (CAPnews) – À l’ombre des figures établies, une nouvelle génération de prétendants et une voix singulière portent le ferment de l’alternance à l’élection présidentielle du 12 octobre 2025. Loin du sérail gouvernemental, ces outsiders incarnent des visions contrastées et animent les flambeaux d’une opposition en quête de cohésion.
Cabral Libii : l’insurgé méthodique

À 45 ans, Cabral Libii incarne la frange juvénile et combative du paysage politique. Ancien leader estudiantin et animateur des émissions politiques, son dynamisme et sa verve en ont fait un protagoniste redoutable. Déclaré troisième à la présidentielle de 2018 avec 6,28 % des voix, il a su assoir sa notoriété sur une stratégie de mobilisation citoyenne. C’est lui qui, en 2017, lança le mouvement « 11 millions d’inscrits » pour inciter la jeunesse camerounaise à s’inscrire massivement sur les listes électorales. Aujourd’hui, après une longue bataille juridique pour le contrôle du Parti camerounais pour la réconciliation (PCRN), il repart en campagne. À l’instar de plusieurs de ses concurrents de l’opposition, il en appelle à une vigilance citoyenne accrue lors du scrutin, prônant un contrôle populaire et transparent des urnes pour garantir l’intégrité du vote.
Joshua Osih : le fédéraliste intransigeant

Militant du Social Democratic Front (SDF) depuis trois décennies, Joshua Osih, originaire de la région anglophone du Sud-Ouest, porte en lui l’héritage et les revendications d’un parti historique. Successeur de Ni John Fru Ndi, dont il fut le vice-président avant d’accéder à la tête du parti en 2023, il allie l’expérience du terrain à l’audace des idées. Député à l’Assemblée nationale depuis 2013, il avait terminé quatrième du scrutin présidentiel de 2018, recueillant 3,3 % des suffrages. Sa singularité ? Un positionnement idéologique clair : partisan d’un retour au fédéralisme, forme étatique qu’il présente comme une solution structurelle aux crises qui secouent le Cameroun. Refusant tout alignement tactique, il se distingue également en ne souscrivant pas à l’idée d’une coalition derrière un candidat unique de l’opposition, préfèrent incarner une voie autonome, assumée jusqu’au bout.
Patricia Hermine Tomaïno Ndam Njoya : l’héritière et la rassembleuse

Unique femme parmi les douze candidats en lice, Patricia Hermine Tomaïno Ndam Njoya incarne une double symbolique : celle de la continuité et de la rupture. Après le décès de son époux, Adamou Ndam Njoya, en 2020, elle a repris le flambeau de l’Union démocratique du Cameroun (UDC), alliant le poids d’un héritage politique à sa propre stature d’ancienne députée et maire de la commune de Foumban. C’est d’ailleurs dans cette ville qu’elle a convoqué, le 2 août dernier, plusieurs acteurs politiques pour signer la « Déclaration de Foumban », une initiative appelant à l’unité de l’opposition autour d’un candidat consensuel et d’un programme commun. Son engagement dépasse ainsi la simple candidature : elle se veut médiatrice, rassembleuse, et porte un message d’apaisement dans un climat politique souvent fragmenté.
Par leurs parcours, leurs convictions et leurs stratégies, ces trois figures dessinent les contours d’une opposition plurielle, à la recherche d’un souffle capable de bousculer l’ordre établi. Leur capacité à fédérer au-delà de leurs bases respectives sera l’un des enjeux décisifs de la présidentielle à venir.
