
Yaoundé, 11 mai 2025 (CAPnews) – Née au Cameroun, Monique Akoa-Makani rejoint Lyon à neuf ans. Son parcours épouse les contours d’une résilience née dans l’épreuve. D’abord séduite par le football, elle s’impose parmi les garçons. L’Olympique Lyonnais lui propose même un essai. Mais c’est le basketball qui l’emporte, attirée par son caractère inédit. Un professeur vigilant l’y encouragea. Adolescente, elle subit deux opérations aux chevilles. Au bord du renoncement, elle transforme ses épreuves en force. Les blessures sculptent en elle un mental inflexible. À l’ASVEL, six années d’efforts obscurs la forgent. L’anonymat, la douleur, les doutes : tout est surmonté. Elle y cultive une discipline acharnée, presque obsessionnelle. Un titre symbolique en 2019, obtenu depuis le banc, annonce son ascension. Son jeu allie vitesse, intelligence tactique et rigueur défensive. Chaque obstacle, chaque silence, a préparé l’éclosion d’une athlète totale.

Son ascension de la LF2 à la Wonderligue s’apparente à un conte merveilleux. En 2022-2023, elle affichait une moyenne modeste de 6,8 points. Un an plus tard, elle s’impose parmi l’élite : 14,7 points, 5,4 passes décisives, 2,8 interceptions. Le trophée de la révélation du championnat lui échoit naturellement. Écartée de la course au MVP, elle intègre néanmoins le cinq majeur de la saison. À Charnay, sous la direction de Stéphane Leite, elle opère une métamorphose. Délestée du capitanat, elle incarne désormais une meneuse inventive, galvanisante. Son tir précis terrasse les adversaires. Son décryptage instinctif du jeu achève de sceller son destin : signature au Phoenix Mercury (WNBA) et engagement à Bourges. Ce départ, négocié en pleine course aux playoffs, témoigne d’une audace pragmatique. Refusant d’attendre un hypothétique appel du sélectionneur des Braqueuses, elle choisit l’action. Préférant vivre sa passion sous le maillot camerounais. Chanter Ô Cameroun, berceau de nos ancêtres avec ferveur. Écrire sa légende, sans compromis.

Son arrivée en WNBA dépasse la simple formalité. Dès son premier match de pré-saison, Phoenix l’intègre au cinq titulaire. Un symbole puissant pour celle qui avoue : « Je n’imaginais pas que ça arriverait si vite ». En seize minutes, 5 points (dont un tir à trois points), 4 passes décisives. Une interception, un contre, un rebond complètent son tableau. Performance insuffisante pour vaincre Las Vegas, double tenante du titre, portée par une A’ja Wilson magistrale (14 points, 6 rebonds). Mais révélatrice d’une promesse tenue. Le 12 mai face aux Valkyries, nouvelle occasion de convaincre. Elle démontrera aux dirigeants du Mercury la pertinence de leur choix. Nul doute : Monique Akoa-Makani s’apprête à inscrire son nom parmi les pionnières africaines de la WNBA. Ligue d’élite où l’excellence se mesure au défi mondial.

Pour les couleurs nationales, ce fut un choix viscéral. Une décision-miroir reflétant son ethos. Lassée d’attendre en vain les Bleus, elle embrassa le maillot camerounais. Préférant jouer pour la terre de ses ancêtres plutôt que de cultiver une rancœur stérile. Cette option, nourrie par une fidélité organique à ses racines, épouse sa maxime : transmuer l’épreuve en tremplin. À 24 ans, entre défi américain, ambitions européennes et fierté panafricaine, elle incarne une génération qui vit avec les codes de son temps. Où la quête de podiums rivalise avec l’affirmation identitaire. Chaque dribble exhale les souvenirs des playgrounds lyonnais. Ces squares où elle forgea son jeu parmi des rivaux promis à la gloire. Chaque geste porte l’intime conviction qu’aucun horizon n’est inatteignable, selon l’adage : cent fois sur le métier, remettre son ouvrage. Monique Akoa-Makani le clame sans ambages : les lauriers ne poussent qu’au jardin des obstinés. Sa trajectoire, parabole moderne, en offre une démonstration éclatante.
