
Yaoundé, 09 février 2025 (CAPnews) – L’intelligence artificielle (IA) est en train de redéfinir les contours de notre monde, suscitant autant d’espoirs que de craintes. Les 10 et 11 février, Paris accueille un sommet crucial dédié à l’action sur l’IA, un événement qui souligne l’urgence de réfléchir aux implications de cette technologie en pleine expansion. L’IA s’immisce désormais dans tous les aspects de notre vie, promettant des avancées majeures tout en posant des défis éthiques, économiques et démocratiques inédits.
Pourtant, le développement de l’IA reste largement dominé par une poignée de multinationales, dont les priorités sont souvent axées sur le profit plutôt que sur l’intérêt général. Des modèles d’IA générative, comme le chinois DeepSeek ou l’américain ChatGPT, illustrent cette tendance : bien qu’impressionnants, ils soulèvent des questions sur la fiabilité des informations qu’ils diffusent et la protection des données personnelles. Alors que l’IA pourrait être un levier puissant pour le bien commun, elle est aujourd’hui le théâtre d’une course effrénée, avec des conséquences politiques et géopolitiques déjà palpables.
Les progrès de l’IA sont indéniables dans des domaines tels que la médecine, la programmation, la chimie ou la génétique. Cependant, des questions cruciales restent en suspens : qui détient les droits d’auteur sur les créations de l’IA ? Comment réguler l’utilisation de la reconnaissance faciale ou des armes autonomes ? Quel est l’impact environnemental de ces technologies ? Les géants de la tech, souvent plus puissants que les États, étendent leur influence dans des secteurs stratégiques comme la défense, les satellites ou l’exploration spatiale, accentuant les déséquilibres de pouvoir.
Et le Cameroun dans tout cela ?
Le constat est sans appel : le pays est largement à la traîne. Malgré quelques initiatives portées par le ministère des Postes et Télécommunications, l’écosystème local en matière d’IA reste quasi inexistant. Pourtant, le potentiel est là, tant en termes de projets que de ressources humaines. Pour ne pas rater le train de cette révolution, le Cameroun pourrait, par exemple, créer un Institut national dédié à la promotion, à l’évaluation et à la sécurité de l’IA. Une telle structure offrirait un cadre propice à l’innovation, permettant à la jeunesse camerounaise de contribuer à un domaine dont les limites restent encore à explorer.
Une gouvernance mondiale de l’IA
Au-delà des aspects technologiques, il est urgent de mettre en place un cadre éthique et réglementaire solide. Une éthique numérique partagée, soutenue par une commission mondiale du numérique sous l’égide des Nations unies, pourrait servir de fondation à cette gouvernance. Le développement de l’IA doit être piloté par des institutions publiques, accompagnées d’autorités de contrôle indépendantes, afin de garantir que cette technologie serve à résoudre les défis de l’humanité plutôt qu’à les exacerber.
Les risques liés à l’IA nous obligent à faire un choix crucial : opter pour un progrès émancipateur ou risquer de sombrer dans une tyrannie numérique. Quoi qu’il en soit, l’avenir de l’IA doit être façonné par et pour l’humanité, dans un cadre éthique et régulé. Le temps est venu d’agir, avant que les décisions ne nous échappent définitivement.