Yaoundé, 1er décembre 2025 (CAPnews) –Il s’est battu toute sa vie pour la démocratie au Cameroun, Anicet Ekanè est paradoxalement mort en prison ce lundi. Il avait 74 ans. Son avocat raconte qu’il l’a vu pour la dernière fois dans un état très grave : « Il pouvait à peine parler et avait du mal à respirer ». Arrêté violemment le 24 octobre, juste avant l’annonce des résultats de l’élection présidentielle, il avait été envoyé dans la tristement célèbre prison du Secretariat d’État à la Défense à Yaoundé. Malgré les nombreux appels à l’aide de son avocat pour le faire soigner, les autorités n’ont rien fait.
Il souffrait de problèmes de santé
Son arrestation fait partie d’une grande vague de répression contre ceux qui ont critiqué les fraudes électorales et soutenu le principal candidat de l’opposition, Issa Tchiroma Bakary, aujourd’hui en exil. Comme d’autres personnes arrêtées, Anicet Ekane était visé par le régime du président Paul Biya, réélu à 92 ans. En secret, il souffrait de problèmes de santé et avait besoin d’un appareil pour respirer. Cet appareil a été saisi lors de son arrestation et laissé à pourrir dans sa voiture. Toutes les demandes pour qu’il reçoive des soins ou soit transféré à l’hôpital ont été refusées.
Il a réussi à rassembler une opposition divisée derrière un seul candidat
La mort d’Anicet Ekanè montre l’état d’un pays qui va très mal. Le Cameroun a des routes en ruine, des villes pleines de déchets et une population qui survit dans la précarité. Pourtant, quelques semaines avant d’être arrêté, Ekanè était plein d’espoir. Il venait de réussir à rassembler une opposition divisée derrière un seul candidat, donnant aux gens l’espoir d’un changement. Cet espoir a été écrasé par la répression d’un régime au pouvoir depuis très longtemps, un régime qu’il avait commencé à combattre dans les années 70, après avoir assisté, jeune homme, à l’exécution publique d’un grand leader indépendantiste.
La disparition d’Ekanè est un avertissement très sombre
Sa mort provoque une grande colère dans le pays.« Cela prouve que le pouvoir n’a aucune limite », dit un syndicaliste. Une célèbre avocate parle d’une « honte nationale criminelle ». Alors que des rumeurs de fraude circulent et que la colère monte, la disparition de ce militant est un avertissement très sombre.
