Yaoundé, 26 mai 2023 (CAPnews) – Les nuits blanches à dessiner, des parents hostiles à la création artistique, d’amour et d’eau fraîche pour survivre, c’est ce qu’ont vécu les dessinateurs camerounais : Gunther Moss, Paul Monthé et Hugues Bertrand Biboum. Dans un pays où la bande dessinée (BD) est un passe-temps sans enjeu, trois Camerounais ont sauté sur une opportunité offerte par la maison d’édition du Plat pays Dupuis. Après quelques années difficiles d’adoption du dessin comme pratique professionnelle, certains ont été repérés lors des expositions et d’autres comme récipiendaires des concours de talents organisés par les maisons d’édition de bandes dessinées.
Pour créer les scènes, les dessinateurs camerounais s’inspirent largement de leurs expériences ou de la culture africaine. Pour eux, la caricature est un super-pouvoir, comme l’explique Paul Monthé, auteur de « La Saga de Balla » : « Quand je dessine, je me sens invincible, j’ai l’impression que le monde m’appartient. Je crée un univers où je suis le maître absolu, où je donne vie à ce que je veux. La fourchette parlera et sauvera le monde ». La Saga de Balla de Paul Monthé est une animation qui retrace la vie en Afrique entre le XIe et le XIIe siècles. Elle met en scène un jeune prince recueilli par des soldats qui lui apprennent les secrets de la nature.
Le second drille, Hugues Bertrand Biboum conçoit la peinture comme une forme de thérapie, une arme efficace pour vaincre sa colère : « La peinture m’a beaucoup aidé à éviter le crime. Mes fréquentations étaient peu recommandables. J’étais très jeune et je fumais tout et n’importe quoi. Quand je peins, j’ai l’impression de discuter avec moi-même. Je recherche la perfection dans ce que je fais ». Son webtoon « Kalakuta City », est l’histoire de Mensah, une mère dont le mari a été assassiné pour avoir combattu pour une cause sociale. Hugues Bertrand Biboum a consacré le début de sa carrière d’illustrateur au magazine Waka Waka avec un passionné de BD « En 2012, j’ai été approché par Stéphane Akoa, qui possédait un magazine Waka Waka. A travers son magazine, il m’a donné l’opportunité d’apparaître à l’international. Waka Waka est vendu 2 euros en France. Stéphane Akoa m’a mis en contact avec un groupe d’artistes, grâce à qui j’ai pu travailler jusqu’à ce jour. »
Quant à Gunter Moss, la peinture est un moyen de communiquer la culture africaine « Je crois qu’on est plus crédible quand on raconte nos propres histoires. On veut raconter les histoires africaines avec un regard neuf parce que les histoires africaines sont très souvent racontées par des non-Africains. » Son webtoon « La vie c’est la bastonnade » raconte toutes ses mésaventures de créateur de l’enfance à l’âge adulte.
Et puis vint le numérique
Les dessinateurs camerounais surfent désormais sur la vague numérique pour distiller leur notoriété dans le monde entier. Opportunités offertes par la plateforme ONO. « C’est un honneur, un régal d’être à ONO, qui est vraiment au top. Mes collègues et moi devons être productifs et compétents. C’est la Ligue des champions », avoue Gunther Moss. Grâce à la Maison d’édition belge Dupuis, les dessinateurs camerounais ont réussi à devenir de véritables acteurs de BD. Ils sont désormais plus compétitifs qu’à leurs débuts. « J’ai beaucoup progressé techniquement et j’ai eu l’opportunité de travailler avec un directeur de collection très exigeant comme Benoît Fripiat. Grâce à lui j’ai vraiment progressé », explique Hugues Bertrand Biboum. Le jeudi 25 mai 2023, à l’occasion de la journée mondiale de l’Afrique, les trois webtoons ont été mis en ligne sur la plateforme ONO.

