Yaoundé, 26 septembre 2025 (CAPnews) – À l’approche du scrutin présidentiel du 12 octobre 2025, le paysage politique camerounais se recompose sous le signe de la rupture et de l’ambition. Trois figures émergent, portant avec elles des récits aussi distincts que chargés d’histoire. Présentation dans un ordre alphabétique des trois favoris du scrutin du 12 octobre 2025.
Bouba Maïgari : le retour d’un lion

À 78 ans, Bouba Maïgari, l’un des deux ministres originaires du Nord à avoir quitté le gouvernement à l’orée de l’échéance électorale, opère une mue stratégique. Président de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP), jadis allié du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) au pouvoir, il a claqué la porte de l’exécutif le samedi 28 juin, après quatorze années passées au poste de ministre d’État chargé des Loisirs et du Tourisme. Son départ n’est pas un simple adieu : c’est un retour aux sources. Déjà candidat en 1992, il avait alors été officiellement classé troisième. Aujourd’hui, il incarne une opposition renouvelée, mue par l’expérience du pouvoir et la volonté de rompre avec un ordre longtemps soutenu.
Paul Biya : la perpétuation d’un règne

À 92 ans, Paul Biya, président national du RDPC, se présente une nouvelle fois, candidat de son parti pour la course d’octobre. Le chef de l’État sortant, après quarante-trois années de magistrature suprême, aspire à un huitième mandat consécutif. Son nom seul symbolise la longévité politique, une permanence qui défie le temps et les contestations. Sa candidature, à la fois rituel électoral et affirmation d’autorité, soulève des questions fondamentales sur l’avenir du pays et la transmission du pouvoir. Il demeure, malgré les années et les défis, l’axe autour duquel gravite la vie politique nationale.
Issa Tchiroma Bakary : la candidature de la rupture assumée

Issa Tchiroma Bakary, 79 ans, est l’autre ministre du Septentrion à avoir démissionné en juin. Ancien ministre de l’Emploi durant les six dernières années, après avoir occupé pendant neuf ans le portefeuille de la Communication, il revendique désormais une posture d’homme libre. Sous la bannière du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC), il se présente en « candidat consensuel », une investiture proclamée par quelques personnalités politiques, mais qui ne fédère pas encore l’ensemble des concurrents. Pour justifier son départ, il a avancé des raisons lourdes de sens : l’impossibilité d’accéder au chef de l’État et l’affirmation que ce dernier ne gouverne plus effectivement le Cameroun. Sa candidature se nourrit ainsi d’un constat de vacance et d’un appel au redressement.
Dans cette triangulaire émergente, l’âge, l’expérience et la notion de rupture forment le cœur des discours. Chacun de ces prétendants à la magistrature suprême incarne une vision différente de l’avenir, tout en étant le produit d’un même système dont ils entendent, à des degrés divers, se détacher. La campagne s’annonce dès lors comme un dialogue tendu entre continuité et renouveau, loyauté et dissidence.
